Historique

Renouant avec la tradition d’accueil de la France en faveur des intellectuels, le programme PAUSE a été créé le 16 janvier 2017.

Octobre 2016 : un colloque et une tribune fondateurs

Début 2016, nous sommes en plein cœur de ce qui est présenté dans le débat public comme une “crise des migrants”. La communauté scientifique et de recherche alerte Thierry Mandon, le secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, sur le sort des chercheurs en situation d’urgence.


Le secrétaire d’État s’empare du sujet. Thierry Mandon annonce le lancement d’un programme d’accueil de scientifiques en danger lors du colloque de rentrée « Migrations, réfugiés, exil », organisé par le Collège de France du 12 au 14 octobre 2016.


À cette occasion, la généticienne Edith Heard et le neurobiologiste Alain Prochiantz, respectivement professeure et administrateur du Collège de France, réunissent des personnalités scientifiques et de la société civile pour constituer le comité de soutien du programme. Ils signent tous ensemble une tribune publiée le 15 octobre 2016 sur LePoint.fr pour alerter l’opinion sur les enjeux et l’urgence de l’accueil en France des scientifiques en danger.

Janvier 2017 : lancement du programme PAUSE

Le Programme d’Accueil en Urgence des Scientifiques et Artistes en Exil (PAUSE) est lancé officiellement le 16 janvier 2017. Une convention est signée entre le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le Collège de France, qui pilote le programme, et la Chancellerie des universités de Paris, qui met des locaux à disposition de l’équipe.

 

Ce programme national, lancé avec l’appui du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et du ministère de l’intérieur, réunit les grandes institutions de la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche (CPU, CDEFI, CNRS, INSERM, INRAE, INRIA, CNOUS, AUF). Il reçoit un financement initial du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche d’un million d’euros. Cette dotation est destinée à être complétée par la suite grâce à d’autres financements institutionnels et privés.

Genèse du programme

La conception de PAUSE s’est appuyée sur :

 

  • Le rapport sur l’évaluation des besoins en matière d’accueil en France de chercheurs, archéologues et historiens de pays en conflit (Syrie, Irak, Yémen), dressé en janvier 2016 par Franck Braemer, directeur de recherche au CEPAM (Culture et environnement, Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge), Université de Nice Sophia Antipolis et directeur de la Mission archéologique française en Syrie du Sud ;
  • Les débats du colloque « La coopération scientifique franco-syrienne : Penser avec la Syrie d’aujourd’hui et construire la Syrie de demain » organisé à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) les 2 et 3 mai 2016 ;
  • Un dialogue avec la Conférence des présidents d’université (CPU) ayant pris position en défense des libertés académiques face aux attaques contre les enseignants ;
  • Les conclusions du « Rapport sur l’accueil en France des scientifiques en danger – Préconisations pour la création d’un dispositif national » de Liora Israël, Directrice d’études de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), publié le 22 septembre 2016.

Télécharger le rapport sur l’accueil en France des scientifiques en danger [PDF]

Dès le 23 janvier 2017, le premier appel à candidatures est lancé. Il suscite une forte mobilisation des établissements d’enseignement supérieur et de recherche et débouche sur l’attribution de subventions pour l’accueil de 25 chercheurs menacés. Ces scientifiques de haut niveau sont majoritairement originaires de Syrie et de Turquie.


Le 2 mars 2017, le Premier ministre Bernard Cazeneuve, accompagné du secrétaire d’État Thierry Mandon, lance au Collège de France le fonds de souscription de PAUSE
, affirmant un soutien fort au programme. Créé sous l’égide de la Fondation de France, ce fonds est destiné à recueillir les dons privés. Une dotation publique complémentaire d’un million d’euros est octroyée au programme.

Un précédent historique :
le Comité d’accueil de Louis Rapkine

 

En 1936, sous le Front populaire, Louis Rapkine, issu d’une famille biélorusse ayant migré en France et au Canada, poursuit ses travaux à Paris, et notamment au Collège de France. Étranger, les activités politiques lui sont interdites. C’est donc dans l’ombre qu’il crée le « Comité d’accueil et d’organisation du travail des savants étrangers » avec l’appui de plusieurs scientifiques : Paul Langevin, Jean Perrin, Edmond Bauer, Frédéric et Irène Joliot-Curie, Jacques Hadamard…


Ce comité a pour mission d’accueillir des réfugiés universitaires juifs d’Europe centrale. Louis Rapkine trouve le financement nécessaire à son action qu’il étend aux réfugiés antifascistes venus d’Espagne et du Portugal. Le Comité est doté par le gouvernement mais fonctionne sur fonds privés pour lesquels l’obtention de la reconnaissance d’utilité publique par le Front populaire est fondamentale. Il reçoit des dons, notamment de la famille Rothschild, d’André Mayer et de Robert Debré.

 

La France en guerre, Louis Rapkine part dès 1940 à Londres puis à New York. Il y met en place un plan de sauvetage des scientifiques français et d’autres nationalités avec l’accord du général de Gaulle et le soutien de la fondation Rockefeller. À la sortie de la guerre, c’est de cette même fondation qu’il obtient un financement qui aide au redémarrage du CNRS, dirigé par Fréderic Joliot-Curie, et au retour en France et au Royaume-Uni des scientifiques exilés.